Adolphe Nysenholc propose une conférence intitulée « Autobiographies d'écrivains, anciens enfants cachés ».
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Adolph Nysenholc est professeur à l'Université libre de Bruxelles spécialisé dans l'analyse de films et l'esthétique cinématographique. Il fut d'abord un enfant caché.
En 1942, ses parents le placent, pour le protéger, dans une famille flamande de Ganshoren. Peu de temps après, ils sont déportés à Auschwitz où ils périront. Adolph Nysenholc a mis un demi-siècle pour oser dire que sa vie avait commencé par la mort et par écrire « Bubelè, l'enfant à l'ombre », un roman autobiographique.
"Alors qu'aujourd'hui, il y a des armées de psychologues pour le moindre petit bobo psychologique. Il n'y avait quasi rien pour les enfants traumatisés par l'Holocauste en 1945. Les orphelinats juifs fonctionnaient sans psychologue. "
En 1945, il y a +/- 500 enfants sauvés pour lesquels on n'a pas pu trouvé de solution familiale. On n'appelait pas les structures qui les accueillent des "orphelinats" parce qu'on n'était jamais certain que les parents étaient décédés. On préférait le terme de "homes". Adolph Nysenholc l'affirme : "Il n'y avait pas de psychologue mais on s'occupait très bien de nous!" Selon lui, c'était même plus "facile" d'être dans un home que dans une famille dont les parents avaient survécu aux camps. En effet, comment une mère qui a vécu l'enfer peut-elle accepter que son enfant, comme tous les enfants, refuse de boire sa soupe?
Pourquoi ce silence des enfants cachés?
Adolph Nysenholc explique que dans les homes, chaque enfant pouvait raconter qu'il avait perdu ses parents, ses oncles et tantes, ses cousins... Les histoires finissaient par se neutraliser.
Les enfants se rendaient compte également que la population n'écoutait pas ceux qui étaient revenus des camps. Comment aurait-elle pu entendre les "petits planqués"?
En 1990, pour la première fois, les enfants cachés prennent publiquement la parole dans une grande réunion organisée à New-York. Adolph Nysenholc a pourtant le sentiment qu'on veut les faire taire une deuxième fois par des phrases comme "Encore la Shoah!" ou pire, par des réflexions négationnistes.